Pour donner toute la mesure à cette interrogation intéressons-nous à la signification des mots. Un formateur est une personne qui, en entreprise ou en institution, a une compétence métier. Cette dernière englobe différentes aptitudes, gestes et comportements liés à la profession. Le formateur a des dispositions particulières : des compétences sociales et personnelles facilitant la formation d’adultes ou d’apprentis.

« Coach » est originellement un terme anglo-saxon venant du sport et que nous traduirions par « entraîneur » en français. Il s’agit donc d’encadrer des sportifs en vue de les amener à un résultat de dépassement, quelle que soit la discipline sportive individuelle ou collective. Le coach va s’assurer de la préparation physique et technique de l’athlète, de sa préparation mentale également. Il apporte son expertise pour l’aspect stratégique et tactique, avant et pendant la compétition. Le coach est normalement un ancien du sport en question, champion ou pas, qui entretient une relation très proche de surcroît, sur une longue durée avec son athlète ou son équipe.

Nous pouvons reconnaître effectivement des similitudes entre le formateur et le coach, avec des différences notoires. Le formateur prépare à l’acquisition de compétences professionnelles que nous appellerons des apprentissages. Le coach prépare en vue d’une performance physique et mentale dans le cadre d’une compétition. Le but n’est pas du tout le même, le contexte de la relation non plus. Le coach est constamment avec son athlète, alors que le formateur n’est que ponctuellement avec son formé. Par ailleurs, le formateur va prendre des outils du coach dans la gestion de la relation. Il sera à l’écoute, vigilant de l’état physique et mental de son participant, encourageant, positif envers son formé et attentif par l’observation et l’évaluation à sa progression aux acquis.

Ressembler n’est pas être

Le formateur s’enrichit de ce mélange des mots de pratiques et d’outils. La mode donne de la confusion. Actuellement, il est de bon ton de s’affubler du titre de coach. Coach de vie, coach formateur, coach de start-up, coach sportif, coach en développement personnel, coach en relooking, coach en drague… Devant cette multiplication du sens possible de coach, il est important de clarifier les choses pour son client et d’ailleurs pour soi-même aussi.

Si je suis formateur, je suis formateur. Dans mon métier, j’ai une expertise précise que je partage avec d’autres personnes en cours d’acquisition de mes compétences. Je gère la relation pour que l’environnement soit propice aux apprentissages. Je communique de manière optimale et j’ai des objectifs pédagogiques clairs avec mes participants. En résumé, j’apporte du contenu et des comportements à mes participants.

Si je suis coach en développement personnel en entreprise, je suis coach. Je ne suis pas expert métier. Je ne forme pas. Je suis responsable du cadre : temps et processus de coaching. Le coaché a des objectifs qu’il se fixe. Je suis influent et en retrait. Je suis bienveillant. Je suis concave et convexe dans la relation. Celle-ci est une source pour aider le coaché à trouver sa solution. Jamais, je ne donne de conseil.

Il est nécessaire de souligner la notion de posture. Quand je suis formateur, j’ai une posture de formateur. Quand je suis coach, j’ai une posture de coach. Bien sûr des points communs existent entre le coach et le formateur comme certains outils avec la communication adulte-adulte, l’écoute active, la communication non violente, la bienveillance… Mais ressembler n’est pas être, utiliser des outils identiques n’est pas être. La truelle est utilisée par le maçon, le peintre et le plâtrier. Pourtant ces activités sont bien distinctes et sont des métiers à part entière.

La valorisation des titres

Il est important de montrer patte blanche au client en face de soi : son diplôme de formateur ou celui de coach. Zinedine Zidane, footballeur mondialement reconnu pour son talent, a été suspendu trois mois comme assistant entraîneur du Réal-Madrid, par la Fédération espagnole de football, en octobre 2014. Motif, il n’avait pas le 3e niveau de licence pro d’entraîneur de l’UEFA… Même le monde sportif fait le ménage et protège le métier.

D’ailleurs – signe des temps – à cause de cette confusion des genres avec le terme de « coach », le Certificat Fédéral de Capacité, mis en place depuis deux ans par les  instituts de remise en forme, a évincé le mot « coach », pour préférer le titre « d’assistant(e) en promotion de l’activité physique et de la santé ». Quand ne plus ressembler, c’est être quand même…

 

Gérald Dehan

Coach et consultant